ÉGYPTE : DIVERSIFICATION ET NOUVEAUX PROJETS NATIONAUX

L’Égypte, dont les frontières touchent ou sont proche de 6 pays (Soudan – Libye – Arabie Saoudite – Jordanie – Israël – Palestine) est traversée par le Nil, long de plus de 6000 km, et sur les rives duquel se concentrent principalement le populations grâce à la fertilité des terres. Sa capitale, Le Caire, se trouve juste avant la séparation du fleuve et son embouchure, qui vient se jeter dans la mer Méditerrannée.

L’aridité égyptienne a poussé ses 97 millions d’habitants à se concentrer principalement sur les rives du fleuve, ou les villes d’Assouan, d’Assiout, d’Héouan et de Guizèh ont été créés, ainsi que sur le littoral, au nord du pays, où on retrouve Alexandrie, Damiette et son port, ainsi que Suez et son barrage qui donne sur la mer Rouge.

Les déséquilibres territoriaux et démographiques nationaux s’expliquent donc d’une part par l’essence géostratégique de l’Egypte dont les côtes donnent sur le bassin méditerranéen et sur la mer Rouge – qui débouche elle-même sur la Mer d’Arabie et l’océan Indien – favorisant le commerce et attirant les populations. D’autre part, ce sont les lieux ou s’écoulent le Nil qui déterminent la forte concentration démographique. Le fleuve s’impose dès l’Egypte antique comme la colonne vertébrale du pays par son rôle social (concentration des grandes villes), agricole (grâce au limon des crues et sa fertilité) et économique (commerce par voie fluviale).

Si une part de son territoire regorge de ressources, les deux autres tiers de son million de kilomètres carrés sont recouverts par le Désert Libyque (ou occidental) [700.000 kilomètres carrés]. 98% de la population habite sur 3,5% du territoire. L’irrigation des terres n’est possible que dans 7 petites zones du pays, qui compte d’ailleurs un haut taux de chômage (11% – 34% pour les 15-24 ans-). Les tensions géopolitiques qui viennent heurter le potentiel touristique du projet de développement du Sinaï et l’affaiblissement des mécanismes de solidarité amorcées par la réforme économique néolibérales des années 90-00, sont autant d’épines dans le pied du pays des pharaons, sans compter les coups portés aux institutions par les printemps de 2011.

Cependant, son économie diversifiée lui offre des sources de revenues plurielles qui la place à la première place du podium des puissances économiques du continent africain en termes de PIB PPA (11,9% PIB agriculture – 30% PIB Industrie – 55% PIB Services- 2017) . L’infitah (« ouverture économique ») des années 70-80 de Sadate (1970-1981) ont assuré les premiers pas égyptiens dans le capitalisme. Ensuite, les politiques d’ajustement structurelles et l’émergence d’une société de consommation dans les années 90-00 sous la présidence de Moubarak (1981-2011) ont favorisé l’essor de la consommation et le rôle croissant du commerce avec les firmes transnationales.

En 2017, l’Egypte exporte annuellement pour plus de 22Md $ dont 40% d’hydrocarbures, et en importe près du double (58Md $). Ses 9 raffineries restent insuffisantes pour le marché intérieur bien que la production, la commercialisation et l’exportation de gaz naturel soient en forte augmentation grâce à la découverte de gisements vers le Delta du Nil et dans le désert libyque.

Le tourisme, une des premières ressources en devise de l’Egypte (7Md $ en 2013) s’est pourtant fragilisé avec les attentats (1997-2004) et a ensuite diminué de 11% entre les années 2010-1012 à cause de son instabilité politique. Le meurtre de l’étudiant italien Giulio Regeni sous la torture au Caire en 2016 pousse certains touristes potentiels à redoubler de méfiance si ce n’est à se raviser.

La conférence des investisseurs  Charm el Sheikh dans la ville du même nom (2015), les mégaprojets du président Sissi, notamment ceux de nouvelle capitale et de 3 nouvelles villes, et la poursuite des projets structurels lancés par Moubarak ( « Uweinat est » et « Toska, nouvelle valée agricole » au sud du pays sont autant de témoins de la volonté novatrice égyptienne, ainsi que de réduction de la forte centralisation héritée de Nasser

Une décennie après les coups portés par les protestations sociales et politiques, l’Egypte du président Sissi s’appuies sur sa diversité économique et ses nouveaux projets pour répondre aux enjeux de demain.